Danger: déchirure sociale en formation!
Je suis ravi que le débat continue, que ce soit dans les commentaires qui disons le ne sont pas tous constructifs s'ils prennent une tournure d'indignation ou d'attaques gratuites, ou sur les blogs. J'aimerais tout de même inviter quelques blogueurs à éviter d'effacer les commentaires non vulgaires bien sur, on ne va pas jouer les censeurs à notre tour.
Ceci dit, j'ai remarqué que certains sans les citer, se contentent de refléter les problèmes et crier leur mécontentement sans pour autant aller au fond des choses et essayer d'analyser ces phénomènes en cherchant les éventuelles causes et conséquences. Prétendre trouver une solution sur les pages d'un blog est absurde, c'est un travail qui nécessite des recherches et une activité effective sur le terrain. Cependant se limiter à l'indignation et pointer du doigt les individus ne nous avancera pas d'un poil, voire pire.
J 'aimerais donc pour commencer, revenir encore sur la nouvelle note de Tarek « Islam entre fond et forme » qui pointe du doigt cette mode d'islamisation du quotidien tunisien, mais aussi de sa rue, sa mentalité et ses habitudes. Me choquer ne serait pas le bon terme puisque ceci paraissait prévisible depuis quelques années. M'attrister serait plus adéquat. En effet, je me félicitait d'appartenir à une société qui a su moderniser sa vision et sa pratique de la religion. Il faut avouer qu'à un certain moment, on a su conserver un équilibre, fragile soit-il, entre les courants d'islamisations et les courants de modernisation voire d'occidentalisation. Il est vrai que le nombre réduits de moyens de communications aurait contribuer à cela et que l'ouverture médiatique que connait notre société aujourd'hui n'était pas toujours de mise. Néanmoins, la société tunisienne, ou je dirais même le tunisien, était capable d'adapter sa religion à ses conditions, en acceptant la modernisation avec un œil critique et vis versa.
Aujourd'hui cet équilibre semble corrompu. Car si on observe cette société d'un œil extérieur on se rend vite compte qu'elle est composée de deux genres d'individus. Le premier, rejette totalement toute tentative d'ouverture ou de modernisation et préfère revenir aux traditions comme lui aura dicté le Shiekh un tel ou L'imam un autre. Suivant ainsi un modèle qui a quasiment cessé d'exister à un certain moment au sein de cette société. Un modèle qui semble évidemment non compatible avec le futur et préfère vivre dans le passé est du coup dangereux au vrai sens du terme. Le cas est le même pour le deuxième genre de composante, celle qui de la même façon rejette totalement le passé et la tradition, s'accrochant à un modèle étranger comme seule ligne de conduite. Une modernité dangereuse car elle tend elle aussi vers l'extrémisme. Il ne faut tout de même pas croire que ces deux composantes sont nouvelles au contraires elles ont toujours existé mais pas avec une telle ampleur. Aujourd'hui elles prennent la place de la modération. Aujourd'hui on connait l'aire du copier/coller sans vérifier que les informations qu'on absorbe ne sont pas infectés par des virus. Et j'entends par virus, ceux à qui profite cette situation de vide intellectuel, pour prêcher chacun à sa manières ces idées opportunistes et dangereuses. Il faut absolument se rendre à l'évidence qu'ils sont un vrai fléau qui apporte avec lui les premiers signes de la décadence. Et je ne fais pas de différence entre les islamistes qui véhiculent des idées de haine et de mépris de l'autre, ou des libéraux qui se permettent de vendre nos esprits aux plus offrants. Les deux n'auront d'effet que de transformer chaque individu en une brebis galeuses, prête à exécuter tout ce que lui dictera son maître.
La cause principale de ceci semble bien sûr sauter aux yeux : L'absence d'une critique constructive. A la place on retrouve une guerre froide entre deux clans qui n'hésite pas à attaquer l'autre pour le décréditer afin de convaincre, au lieu d'avoir la même bataille mais cette fois ci à coup d'arguments et de recherche à la place des attaques et des diffamations. Ajouter à cela un matraquage intensif qui fait souvent appel à des méthodes malhonnêtes et viles usant des faiblesses de l'homme tels que ses instincts ses peurs et ses fantasmes. Au lieu de se rendre compte que c'est la preuve même de la malhonnêteté de celles si, on plonge dedans, choisissant la solution la plus facile puisque réfléchir est une vielle mode.
Cependant le vide intellectuel n'est pas le seul coupable car il ne faut pas négliger l'approche économique de ce phénomène que je préfère ne pas traiter pour le moment.
Je vais finir encore sur une citation d'Amélie Nothomb qui dit :« Le seul mauvais choix est l'absence de choix » et je renouvelle ainsi mon appel à tout ceux qu'il atteindra afin de les inviter à choisir et non subir dans un premier lieu puis savoir critiquer ses propres choix et les affiner en y retranchant ce qui semble corrompu et malhonnête. Aujourd'hui on a besoin d'un discours qui nous uni contre les obstacles futurs et qu'il soit efficace si on ne veut pas connaître une déchirure sociale et une guerre des classes qui se profile à l'horizon. Abandonnons cette lubie à attaquer l'autre et l'incriminer s'il ne pense pas comme je pense ou s'il ne crois pas à ce que je crois. Abandonnons cette guerre pour un vrai dialogue constructif et civilisé. Loin de moi vouloir passer pour un donneur de leçon, mais il me semble que ça sera notre unique rempart contre des fléaux qui nous viennent d'ailleurs après avoir ravager ce qui les a croisés, tel un essaim d'insectes nuisibles.
Image : Déchirure
© Jacques-Daniel Rochat, CREA-7