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Sur un banc publique
Posted by DramaR
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16:48
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Rêves
Un soir de juillet sur un banc public dans le 7éme arrondissement de Paris:
- Bonsoir.
- Bonsoir!
- Je peux m'assoir à coté de vous?
- Bien sur! c'est un peu pour ça qu'on l'appel un banc publique.
- Dans un monde ou on te juge selon ce que tu possède, on a oublié de savoir partager même les choses qui devrait l'être naturellement. Alors je me méfie. Qu'est ce que tu lis?
- Oh une vielle épopée d'Homère que je revisite pour passer le temps.
- Et tu passe le temps à deux heure du matin sur un banc publique?
- Oui, j'en avais marre des quatre murs qui font office de chez moi, j'en ai déjà assez dans ma tête alors je vais pas m'y emprisonner par un si beau soir de juillet.
- Sage décision. Tu viens d'où?
- Si de mon pays que vous parlez c'est la Tunisie et sinon là tout de suite je viens du 17éme.
- Le 17éme un drôle 'arrondissement, un arrondissement à double facette, comme Paris : Pauvre et riche à la fois, belle et effrayante, vielle et vivante, douce mais fatigante.
- J'aime Paris.
- Qui n'aime pas Paris, n'a jamais connu l'amour.
- Vous avez un accent Italien.
- Bien vu, j'ai passé un bon bout de temps dans le nord Italien, dans un petit village ou on cultive la vigne.
- Et vous êtes Ita...
- Qu'importe ce que je suis. J'ai vu le jour sous la neige moscovite un certain soir de décembre, ensuite j'ai pas mal voyagé.
- Vous voulez une cigarette?
- Non ça ira j'en ai, ah mais vous avez des roulées à ce que je vois. Dans ce cas je t'en prendrais bien une. Merci... Tiens... ça me rappel les années fac. D'ailleurs tu doit être étudiant avec ton sac à dos chargé et ta casquette de contestataire.
- Oui je fais des Mat...
- Tu as tendance à donner plus que ce qu'on te demande. J'ai posé une question et non pas deux. Dis moi, tu aime ce que tu fais? Tu es satisfait? Ça t'amuse?
- A vrai dire je ne sais pas, c'est une question qui me chiffonne depuis un moment.
- Il est souvent plus difficile de poser une question que d'y répondre. Tu hésites, c'est bon signe, tu es sur le bon chemin. Mais j'espère que tu ne tarderas pas à trouver la réponse, car la vie va plus vite qu'on puisse le croire. Tu veux marcher?
- Oui...
- J'ai posé plus de questions que je n'ai donné de réponses. Tu m'en excuseras. A toi donc.
- Et vous , que faites vous si tard sur un banc publique?
- Mon avion vient d'atterrir.
- Vous veniez d'où?
- De Vienne.
- Vous êtes pas parisien donc? Vous avez une chambre d'hôtel dans le coin?
- Non, je viens de quitter le RER qui m'a remmené de Roissy.
- Et vos bagages?
- Tu parles de cabas et de valises? Je n'en ai pas. Tout ce que je possède est dans ce sac.
- Vous m'intriguez! Vous faites quoi dans la vie?
- Allant par là, j'aime bien ce quai de Seine. Je suis avocat, j'écris à mes heures perdus et j'adore les aéroports. Allons nous assoir sur le bord.
Un silence s'en suit que je n'ai pas osé interrompre. Il regardait la lumière qui se reflétait sur l'eau, puis il a pris son sac sortit un calepin et un stylo et commença à écrire. je crois bien qu'on est resté comme ça pendant plus d'une demie heure.
- Je t'offre un café?
- Volontiers.
Aussitôt le café bu, on a marché pendant une bonne partie de la nuit, j'ai eu l'impression que je redécouvrais Paris. Puis, fatigués on a pris place sur un autre banc publique dans le 13éme, le soleil commençait à pointer dans l'horizon:
- Vous allez faire quoi, si ce n'est pas indiscret?
- Je vais me trouver un hôtel pour passer quelques jours ici, Paris me manque.
- A moi aussi, je me rends compte que je ne connais pas Paris.
- Souviens toi d'une chose : la vie est courte, il ne faut pas la passer comme font la majorité des gens. Essaye de vivre mon garçon, eux ils survivent. Essaye d'apprécier tout ce qui t'entoure, et si tu n'y arrive pas cherche ailleurs, ne passe pas ton temps à courir derrière des illusions de bonheur, car il est toujours plus prés qu'on le pense. Au revoir!
Il pris son sac, et partit.
C'est une histoire vraie. Je ne connais pas son nom, je me rappel à peine de son visage, mais je me rappel très bien de sa voix, roque et chaleureuse. Quelqu'un que je ne reverrais surement jamais, mais avec qui j'ai partagé une drôle d'expérience. Et on ne peut vivre ça qu'à Paris.